Shimano : ‘Faire du vélo est devenu comme jouer au golf’

Qui dit ‘Shimano’ pense spontanément aux pièces pour vélo, bien que l’entreprise japonaise, qui fêtera son centenaire cette année, distribue également des accessoires pour l’aviron et la pêche.  Nous avons rendez-vous dans l’établissement flambant neuf situé Oude Baan à Malines.  Où la peinture n’est pas encore sèche…

30-11-2021

Souffler ses 100 bougies.  Ils ne sont pas nombreux à le faire dans la branche cycliste.  Mais Shimano garde la tête froide.  Hormis une publication spéciale et un chapitre distinct sur leur site internet, les Japonais restent discrets sur cet anniversaire pourtant particulier.  « C’est typique de notre culture d’entreprise », affirme Lieven Bisschop, Country Manager Belgique/Luxembourg.  « Nous sommes très fiers de nos connaissances et notre savoir-faire, mais pour le reste nous préférons rester modestes. »  Ce qui explique pourquoi l’histoire de ce centenaire est peu connue.

Mais les faits montrent que Shimano est devenu un concept dans le monde du cyclisme, pour les professionnels comme pour les amateurs.  L’entreprise distribue 33.000 références allant des boîtiers de pédalier aux pédales en passant par les vitesses, les freins, les commutateurs, les chaînes et les moyeux.

Choix délibéré

Il est remarquable que Shimano soit toujours resté distributeur de vélos, avec toutes sortes de références pour tous types de vélos.  Ils fournissent à peu près tout le marché.  Seule exception, les cadres.  Par conséquent, ils peuvent approvisionner toutes les marques sans aucune concurrence.  Un choix délibéré et assumé.  Les clients de Shimano présentent donc trois profils : les fabricants, les grossistes et les détaillants.  Shimano ne fait pas de vente directe à l’utilisateur final, à l’exception d’une boutique outlet (d’habillement) en ligne.

Aujourd’hui, les composants pour vélos se taillent la part du lion du chiffre d’affaires (80 %) ; les accessoires pour l’aviron et la pêche et quelques produits de niche constituant les 20 % restants.   

La flambée de la demande

Le coronavirus n’a pas seulement mis le monde sens dessus dessous mais le secteur du vélo en a aussi ressenti les conséquences.  La pandémie a rendu le cyclisme incroyablement populaire – ce qui est positif en soi et a rapporté de l’argent au secteur bien entendu.  Mais il a également connu quelques revers tels que les difficultés de livraison et de commande de pièces.  Plusieurs facteurs expliquent ces problèmes.  La Covid-19 a d’abord sévi en Asie, première frappée par l’arrêt de la production et l’allongement des délais de livraison.

« S’ajoute par ailleurs le principe de la gestion de la production ‘au plus juste’ – manufacturer le maximum mais sans excès non plus – ce qui nous a rapidement confrontés à nos limites, surtout lorsque la demande flambe.  Résultat, impossibilité d’aider les clients et mécontentement de ces derniers.  Pas uniquement chez nous d’ailleurs.  Des situations dont nous devons tirer les leçons. »  D’où l’annonce d’un effort additionnel dans la capacité de production d’environ 300 millions de dollars américains.

« L’an passé nous avons atteint un chiffre d’affaires record – 60 % de plus que l’année d’avant – mais si la production avait pu suivre, ce chiffre aurait sans doute été plus élevé encore.  Par ailleurs, le coronavirus a indirectement freiné le surcroît de vente en raison du télétravail généralisé. »

Personne ne sait aujourd’hui comment la situation va évoluer.  « Soit au rythme actuel nous n’aurons repris nos marques habituelles qu’en juin 2022.  Soit, grâce à la vaccination massive, tout le monde retournera à ses anciens hobbys et habitudes comme partir en vacances, consommer en terrasse… de sorte que la pression massive sur le vélo faiblira et la demande redeviendra ‘normale’.  Et le stock dont nous disposons à l’heure actuelle devrait nous permettre de répondre à la demande ‘normale’.

Inversement proportionnel

Parmi les corollaires du coronavirus il y a la hausse des prix (en moyenne 6 %, ce qui, au vu des circonstances, est relativement limité).  La pénurie de pièces s’est produite en pleine explosion de la demande.  Or la qualité à un prix.  En outre, pour les pièces détachées, le prix est inversement proportionnel au poids.  Ce sont la recherche et la technologie qui se paient.  « Ce que les gens acceptent d’ailleurs.  Car de nos jours, faire du vélo est tendance.  Le cyclisme est devenu le nouveau golf.  Il assure la mobilité des gens, les fait sortir et nouer des contacts sociaux.  Une tendance qui n’est pas près de disparaître, je pense. »

Pandémie ou pas, le secteur vit des temps passionnants.  « Les gens prennent conscience que le vélo (électrique) est bien plus qu’un simple jouet récréatif.   Ils en ont marre de passer des heures dans les bouchons et circuler en voiture en ville n’est plus un plaisir.  Densité du trafic, pénurie de parking, beaucoup de stress… L’automobiliste est-il encore le bienvenu en ville ?  Bref, ils voient dans le vélo une alternative idéale qui leur donne autonomie, sécurité sur son propre véhicule, rayon de déplacement suffisant et, en prime, rapidité de déplacement.  Même les entreprises commencent à le comprendre et répondent à cette tendance par  le leasing de vélos. »

Infrastructure de recharge

« Mais il est grand temps d’une intervention drastique en matière d’infrastructure cycliste.  Car nos pistes cyclables semblent conçues et aménagées par des gens qui ne sont jamais montés sur un vélo.  Ce qui explique pourquoi les parents refusent d’envoyer leurs enfants à l’école à bicyclette.  Dommage car cela diminuerait considérablement le nombre de voitures sur les routes et rendrait les enfants plus autonomes, plus résistants aussi… »

Lieven Bisschop voit l’avenir du secteur en rose.  Même si l’automobile ‘ordinaire’ n’est pas près de disparaître.  Quant à la voiture électrique, la Flandre n’est pas encore prête.  « Lorsque je vois l’état de l’infrastructure de recharge… je n’y crois pas encore.  D’ailleurs, notre réseau électrique est-il assez puissant pour y répondre… ?  Non, nous sommes encore loin du compte, croyez-moi. »

De mauvais garçon à hommes d’affaires brillant

Shozaburo Shimano était né en 1894 à Osaka.  Il avait connu une jeunesse difficile, s’était fait renvoyer de l’école à plusieurs reprises et avait fini par apprendre à fabriquer des couteaux.  De nos jours, Osaka est toujours connue pour la qualité exceptionnelle de ses couteaux de cuisine.  Mais Shozaburo Shimano caressait depuis longtemps d’autres ambitions.  Toutefois il ne possédait pas l’outillage nécessaire pour les réaliser.  Il avait dû l’emprunter.  Finalement, au printemps 1921, il fonda à l’âge de 26 ans sa propre petite entreprise d’aciérie – Iron Works, plus tard rebaptisée Shimano, à Sakai.  Une de ses premières réalisations fut la roue libre, une roue qui continue de tourner sans devoir pédaler.  Le pendant du pignon fixe.  Le début d’une carrière réussie.  Après le changement de nom, Shozaburo Shimano devint le premier président officiel.  L’homme est mort en 1965, à l’aube de ses 64 ans.  Yozo Shimano était à la barre depuis 2001 et l’an dernier, le neveu de Yozo Shimano, Taizo Shimano, fut élu nouveau (sixième) président. 

En bref

Quoi ?
Entreprise japonaise de composants cyclistes ayant des activités connexes dans le domaine de la pêche et de l’aviron

Où ? 
En Belgique, le siège social est situé Oude Baan 3B à Malines (Industriezone Noord)

Quand ?   
Fondation en 1921 et centenaire cette année

Qui ?   
Lieven Bisschop est Country Manager Belgique/Luxembourg

Activités ?   
Distribution de composants pour vélos aux fabricants, grossistes et détaillants  

Clients ?    
1.600 acheteurs en Belgique et au Luxembourg

Références ?
33.000 généralement disponibles pendant 7 à 8 ans

Chiffre d’affaires ?     
€ 3,5 milliards

Travailleurs ?    
Mondialement quelque 12.000 travailleurs


Photos Benjamin Brolet

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